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La contrebassiste romande Louise Knobil, jazz et rebelle

La contrebassiste et bassiste lausannoise Louise Knobil. [DR - Nils Mehr]
Louise Knobil, contrebassiste et bassiste jazz-rock / Vertigo / 55 min. / le 24 juillet 2023
La contrebassiste, bassiste et chanteuse vaudoise Louise Knobil, alias Knobil, ne s'arrête plus. Son premier EP, "Or Not Knobil", est sorti en mars et depuis on l'entend partout, du Cully Jazz au Paléo, en passant par le Montreux Jazz. D'autres dates suisses et des tournées en Europe sont aussi prévues.

Knobil est un adjectif venant du yiddish, un dialecte de l’hébreu parlé par les juifs d’Europe de l’Est. Il signifie littéralement "quelqu'un qui sent l’ail" et au sens figuré "quelqu’un de bizarre". "Selon les repas, je me reconnais autant dans l’un que l’autre!, plaisante Louise Knobil, interviewée par la RTS. C’est un nom de famille assez étrange."

La famille de la musicienne est en effet plutôt atypique. Si ses deux parents travaillent dans le milieu du théâtre, c’est dans la musique que la jeune Louise va se lancer. D’abord avec la clarinette dans son enfance, puis la basse électrique durant son adolescence. Étudiante à la HEMU de Lausanne, elle joue avec le groupe de rock The Queen’s Underwear, tout en découvrant le jazz et la contrebasse. Durant le confinement, Louise Knobil commence à chanter tout en jouant. Le projet Knobil est né, à la fois jazz et rebelle. Son premier EP, "Or Not Knobil", est sorti en mars dernier.

La contrebasse, son instrument favori

Depuis, Louise Knobil et ses musiciens ne s’arrêtent plus. Après de nombreux concerts dans les clubs de Suisse et à l’étranger, le Cully Jazz, le Festival M4Music, la jam du Montreux Jazz Festival et deux concerts sur la scène HES du Paléo, elle joue à six heures du matin au bord du lac Léman à Lausanne avant de partir pour les Musicalités d’Annemasse, en France voisine, le même jour. "Je donne des concerts toutes les douze heures!", rigole la musicienne, qui organise elle-même ses tournées, dont une en duo avec le guitariste et chanteur Félicien Lia en Suisse, en France et en Allemagne. "Knobiloscope", un concert-récital monté avec son père, le metteur en scène et auteur Benjamin Knobil, est aussi prévu cet automne.

Lorsqu'on l'interroge sur son instrument de prédilection, Louise Knobile répond sans hésiter: "La contrebasse. C'est plus difficile que la basse électrique, par contre on créé tout du début à la fin. On choisit exactement les notes et le son qu'on veut jouer. Le fait que la contrebasse vibre crée une sensation acoustique qu'on sent contre soi, ce que je n’ai pas avec la basse électrique. C’est un petit délire maniaque du contrôle."

>> À regarder aussi: Louise Knobil, une amoureuse du jazz (émission Ramdam, 13 avril 2023) :

Louise Knobil, une amoureuse du jazz
Louise Knobil, une amoureuse du jazz / Ramdam / 5 min. / le 13 avril 2023

De la musique écoresponsable

Quand il faut se rendre sur le lieu d'un concert, Louise Knobil et son groupe prennent les transports publics autant que possible. "Le problème lorsqu'on fait plein de tournées à travers le monde - mon plus grand rêve -, c’est l’empreinte écologique laissée par les transports. Mon but est de pouvoir tourner entièrement en train ou en véhicule électrique en réduisant au maximum mon empreinte carbone, tout en gardant le confort de pouvoir déplacer des instruments sans devoir se battre avec les autres passagers!"

Et si on l’invite à jouer au Japon par exemple? "Je ferai en sorte que le trajet en avion ait du sens par rapport au nombre de dates sur place, en restant au minimum trois semaines."

De la culture alternative

Étant donné son look et sa musique à contre-courant, Knobil se sent de plus en plus militante. "Malheureusement en 2023, être une femme qui monte sur scène reste un acte politique. Je ne m’en cache pas et mes textes parlent de plus en plus de choses qui détonnent par rapport à la norme, comme l’amour et le bonheur queer. Ces thématiques touchent tout le monde, mais mettent en lumière des personnes dont on entend peu parler."

Parmi les artistes qui l’inspirent, elle cite la contrebassiste, chanteuse et arrangeuse américaine Esperanza Spalding. "C’est l’une des génies du jazz en ce moment. Grâce à elle, je me suis rendu compte qu'il était possible de composer et jouer de la contrebasse en même temps, mais aussi de faire de la basse électrique en jouant avec plein de personnes différentes. Esperanza Spalding est un modèle. En plus, elle a l’air sympa dans la vie de tous les jours. C’est aussi insupportable que réjouissant!"

Propos recueillis par Francesco Biamonte

Adaptation web: Myriam Semaani

Knobil, en concert à Nova Jazz, Yverdon-Les-Bains, le 29 juillet; au Dépanneur dans le Lavaux, le 30 juillet; à l'Été sous les marronniers, Nyon, le 19 août; aux Bains des Pâquis, Genève, le 23 août 2023.

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